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les oranges sont sur la table

18 mars 2021

baignoire

Nu.e dans la baignoire je hurle, je hurle je hurle, mais y'a pas de son, tout reste bloqué au niveau du sternum, là c'est tout dur et j'ai mal, si j'appuie, même avec qu'un doigt : je pleure, et je me dis qu'à force de pleurer à un moment je serais trop fatigué.e pour ressentir une quelquonque émotion et alors je pourrais sortir de mon bain, descendre l'escalier et faire comme si, comme si, mais ça marche pas, et je reste dans la baignoire, comme dans un marécage. Je m'étais jamais rendu compte que la chaleur moîte d'un bain était aussi désagréable.

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17 mars 2021

je ne travaille pas je regarde les nuages

j'ai en moi des oranges, des rideaux jaunes, des mots laissés sur le bord de la table, des nuages qui passent, des trottoirs multicolores et des nuits bleues
j'ai en moi une honte qui n'est jamais partie, des gestes que j'aimerais oublier, la douleur de mes ami.es, le silence de ma mère alors même qu'elle ris, la vitesse d'une descente à vélo, du thé à la menthe dans un thermos et des oeufs au plat sur des toasts au chèvre, la mer qui me lave de tout, la fraîcheur dans une matinée d'été, des joies très douces et d'autres très vives

15 mars 2021

rideau jaune

moi allongé.e sous un corps
moi qu'il embrasse
moi qu'il touche
moi immobile

      stoïque
      de marbre
moi qui ne sait quoi faire de mes bras, mes jambes, ma bouche, je les anime de gestes qui me semblent appropriés : je frotte son dos, je l'embrasse, j'embrasse son cou, j'écarte les jambes, je remonte les genoux
c'est quand même plus simple si je ferme les yeux, c'est un paramètre de moins à gérer
détacher les sensations de la situation actuelle, les entourer d'un autre contexte, une histoire que je m'invente. je suis un autre corps d'un personnage, avec un autre corps, d'un autre personnage. je les regarde de loin et ça m'excite un peu, et c'est plus simple pour le vrai corps de la vraie situation de savoir comment bouger alors que je ferme les yeux très fort pour ne pas perdre mon script comme un rêve qui s'efface
auquel cas je me retrouve sans armes, sans protection et à purement faire semblant, l'ennui, la panique, trouver la fuite pour que ça s'arrête
Ca s'arrête
on se fait un câlin, je suis dans ses bras sur mon côté, la tête sur son torse, à la naissance de l'épaule, au moins c'est bon pour cette fois, pour aujourd'hui
Il est quatorze heures, il fait chaud, nous sommes en Espagne, une petite brise vient du dehors, le rideau de tulle jaune au-dessus de moi bouge un peu avec le vent, le soleil joue avec ma peau, le ciel est bleu, dehors les orangers n'ont plus de fruits déjà. Quelle douceur extrême. je pleure.
"Ca va ?" "Oui, c'est juste que je suis tellement bien."

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